Lors de la journée mondiale anti-contrefaçon 2023, l’Union des Fabricants a osé demander si les influenceurs eux-mêmes ne pourraient pas jouer un rôle déterminant et efficace dans le combat mené sur Internet contre la contrefaçon, alors que le législateur tente actuellement de réguler leur profession afin de limiter les arnaques en ligne.
Pour mieux lutter contre le piratage sur Internet, de nombreuses entreprises et/ou administrations font appel à des hackers éthiques. Afin de combattre la contrefaçon en ligne, pourquoi ne pas solliciter l’aide des influenceurs vertueux ? C’est la question que l’UNIFAB n’hésite pas à poser à l’occasion de la journée mondiale anti-contrefaçon. Lorsqu’on considère que 80,5 % des Français détiennent un compte sur un réseau social (Instagram, Snapchat, Facebook, Twitter…), y passent près de 2 heures par jour et, souvent, y écoutent aveuglément les conseils des 150 000 créateurs de contenus recensés, cette piste présente un certain intérêt.
POURQUOI ? DES « INFLUVOLEURS » DE PLUS EN PLUS NOMBREUX
Encore en minorité face aux créateurs de contenus vertueux, les « influvoleurs », du nom du hashtag #influvoleurs lancé en 2022 par le rappeur Booba pour tenter de les combattre, sont de plus en plus nombreux sur la toile. Ils se livrent à la promotion de produits illégaux en incitant leur communauté à se mettre en danger.
L’influence
Le nombre d’utilisateurs des plateformes et réseaux sociaux, en constante augmentation, favorise l’envolée de la vente en ligne et constitue ainsi une opportunité unique pour les contrefacteurs qui profitent de la notoriété de certaines personnalités peu scrupuleuses du monde digital. Leur objectif est de convaincre et persuader que l’achat de produits contrefaisants est anodin et sans risque. Des tests frauduleux qui comparent un vrai et un faux produit sont effectués : leur résultat fait croire qu’il n’y a aucune différence entre les deux et déclenche l’achat de contrefaçons en rendant les cyber acheteurs complices de ces activités illicites.
LES CHIFFRES CLÉS
Un sondage, réalisé auprès de la communauté de 166 000 abonnés (influenceurs et consommateurs) de la créatrice de contenus May Berthelot, permet d’évaluer l’ampleur du phénomène.
Côté consommateurs :
- 49 % ont déjà été confrontés à de la promotion de produits de contrefaçon via des contenus d’influenceurs ;
- 28 % se sont demandé si le produit promu était authentique ;
- 72 % des consommateurs exposés ont clairement compris que le produit promu était de la contrefaçon ;
- 30 % signalent les contenus illicites aux plateformes contre 70 % qui ne le font pas en raison d’une procédure complexe ou parce qu’ils ignorent comment faire.
Côté influenceurs :
- 20 % ont déjà été sollicités pour promouvoir des produits de contrefaçon ;
- 3 %, soit 95 sur 2 961 répondants, ont accepté le contrat consciemment.
Il est par ailleurs utile de rappeler que, selon un sondage IFOP, 37 % des consommateurs en France ont déjà acheté une contrefaçon en pensant que le produit était authentique. Ce chiffre atteint 43 % pour la tranche des 15-24 ans.
L’ADOPTION DE LA LOI « INFLUENCE »
Alerté par ce type de pratiques trompeuses, le ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté Numérique, s’est récemment saisi du sujet, en impliquant notamment l’Unifab.
Les résultats des travaux menés, ont permis aux députés Stéphane Vojetta et Arthur Delaporte de corédiger la proposition de loi « influence » adoptée à l’unanimité, avec pour principal objectif : pallier les lacunes législatives sur ce sujet et, par ricochet, préserver l’économie, l’environnement ainsi que la santé et la sécurité des consommateurs.
Les chiffres des saisies de la douane démontrent aisément, s’il en était besoin, à quel point il est urgent d’encadrer des pratiques d’influence qui favorisent ce fléau en pleine expansion : 11,53 millions de faux produits stoppés aux frontières de la France en 2022 dont 30 % environ ont été saisis dans des petits colis à la suite d’achats effectués sur Internet.
« Cette loi, au lendemain de son passage au Sénat, pose la question de la responsabilité de toutes les parties prenantes. Influenceurs, agents, annonceurs et plateformes doivent s’engager à respecter des règles élémentaires et fondamentales destinées à assurer la protection de leurs communautés/utilisateurs quel que soit le canal d’achat » déclare Christian Peugeot, Président de l’Unifab.
« La contrefaçon et les ventes illicites en ligne ont suivi le mouvement exponentiel du digital dans nos vies de consommateurs comme dans nos entreprises. Mais les parades existent. Nous utilisons aujourd’hui des outils puissants qui permettent de surveiller la toile et de déjouer en amont la majeure partie des atteintes », souligne Pierre Berecz, Président d’EBRAND France et partenaire de l’Unifab.
CONSEIL D’EXPERT
Les entreprises, et notamment les marques, sont les premières victimes de la contrefaçon et des pratiques illégales qui se développent sur le Web, en termes de chiffre d’affaires, mais aussi d’image et de confiance. Pour ces raisons, la maîtrise de leur réseau de distribution sur Internet et leur lutte contre la vente de produits contrefaits ne peuvent que reposer sur la mise en place d’une surveillance automatisée de la toile. Celle-ci doit être globale, afin de disposer en permanence d’une vision étendue sur l’ensemble des plateformes et sites de vente, des réseaux sociaux, des appstores ainsi que sur l’enregistrement des noms de domaine et sous-domaines, quels que soient les pays où ils sont implantés ou enregistrés.
Il est donc important de rappeler que la lutte anti-contrefaçon comme la protection du réseau de distribution est un projet qui doit être mené comme tel au sein de l’entreprise. Ce projet s’organise avec l’appui d’experts mais aussi et surtout des outils de nouvelle génération qui permettent d’industrialiser :
- la détection des annonces frauduleuses,
- la suppression de celles-ci,
- l’identification et la notification des vendeurs en infraction.
Par Raphaël TESSIER et Sophie AUDOUSSET pour EBRAND France.